Elle fut d'abord chez Gucci, la muse de Tom Ford, collaboratrice du photographe Mario Testino et dans le top 10 des femmes les mieux habillées du globe édité par Vanity Fair. La rédactrice en chef du Vogue Paris, a été là où il fallait être durant ces 20 dernières années. Derrière sa frange sombre, rien n’échappe au regard smoky de la prêtresse de la mode made in France.
Parisienne depuis toujours, Carine Roitfeld a grandi au sein d’un milieu aisé. Elle s’oriente vers la mode à 18 ans, après avoir été aperçu par un photographe anglais dans Paris qui lui propose de débuter une carrière de mannequin. Elle fera la couverture de « Look Now » un magazine de teenage british’, puis deviendra la muse de Kenzo. Cependant, elle ne se sent pas l’âme d’un top model et préfère décrypter la mode plutôt que de la porter uniquement. C’est ainsi qu’elle devient pigiste, puis styliste pour Elle.
Plus tard, Carine Roitfeld déclarera que la vie est faite de rencontres et qu’elles sont le moteur, la dynamique d’un destin. La styliste parle en connaissance de cause : son chemin est entièrement jalonné d’interactions entre elle et d'autres protagonistes, qui furent décisives. En 86, Carine Roitfeld est styliste freelance sur une série mode pour le Vogue enfant italien, sa petite fille Julia fait partie du casting et elle est photographiée par Mario Testino, qui commençait alors à être une valeur sûre du milieu.
Entre lui et Carine Roitfeld, c’est le coup de foudre professionnel. Ils travailleront ensemble dans la pub et sur des shootings mode très select commandés par Vogue. La carrière de Carine Roitfeld prend un sérieux virage au contact de Testino, elle apprend énormément et prend conscience de sa propre valeur. Le duo commence à fait parler de lui, leur travail est reconnu et très prisé. Tant et si bien qu’ils finissent par attirer l’attention du fameux Tom Ford. Ce dernier désire collaborer avec eux afin de transformer l’image de Gucci. Elle a le pouvoir de déclencher une tendance et de l’anéantir en un claquement de doigts.
Cependant, dans un premier temps Roitfeld et Testino déclinent son offre, mais le Texan s’acharne et finit par obtenir leur accord. Ce sera la deuxième rencontre décisive pour Carine Roitfeld, qui devient la muse et l’inspiratrice de Tom Ford. À eux trois, ils lancent un pavé dans l’univers bien pensant de la mode en érigeant le porno chic au summum du luxe : Gucci existe à nouveau.
En 2001, Jonathan Newhouse, le PDG de Vogue, lui propose le poste de rédactrice en chef de Vogue Paris. Elle sait comme personne humer l’air du temps et se trouve dans les petits papiers d’un grand nombre d'acteurs de la sphère fashion.
Elle accepte de relever le défi, en faisant grincer quelques dents, car beaucoup ont eu peur qu’elle vampirise Vogue à coup de campagnes scandaleuses (réminiscences de l’épisode porno chic/Tom Ford). Elle prend en charge les bureaux du Faubourg saint Honoré, mais y supervise encore de nombreuses séries mode en tant que styliste. La voilà rédactrice en chef de l’opus français du magazine le plus influent en matière de tendances. Tout passe désormais par elle : le devenir des jeunes mannequins, l'avenir de telles ou telles collections, l'encensement de telle ou telle star... Carine Roitfeld fait la pluie et le beau temps à sa manière en bousculant les biens pensants.
Elle affectionne les séries mode un brin décadentes où sexe, préjugés et contre emplois servent de prétexte à la mise en valeur d’un look. Elle déclarera même : "On n'est jamais parfait si on n'est pas un peu scandaleux", ce qui semble être sa ligne de conduite. Loin de déplaire, ce choix booste les ventes. Elle revendique aimer la légèreté, les films grand public et Paris Hilton, qu’elle a mis en couverture du magazine. Elle aime également jouer avec le feu et mettre en scène la très redoutée Anna Wintour dans une série de mode shootée par Testino et dirigée par ses soins. Elle est également fan des shows à l’américaine type défilés Victoria's Secret.
Carine reconnaît avoir un véritable pouvoir pour lancer des carrières et son statut et sa personnalité ont fait d’elle une conseillère recherchée. On l’appelle pour avoir son avis sur le changement de directeur artistique de telle ou telle maison de couture, pour savoir quel maquilleur choisir ou quel mannequin shooter. Elle a créé autour d’elle une équipe jeune et dynamique qui la seconde au mieux, mais c’est par son bureau que tout passe afin d’être validé. Bureau qu’elle maintient vierge de tout accessoire, de manière à pouvoir se focaliser uniquement sur ce qu’on lui montre. C’est également une femme de terrain qui a besoin d’être auprès des créateurs, dans les villes qui bougent et à tous les défilés.
Elle y puise son énergie et y glane des sensations, des impressions qui lui feront sentir les nouvelles tendances. Carine Roitfeld semble plus accessible qu’Anna Wintour, son homologue américaine. Peut-être cela vient-il du fait que la vie personnelle de la Française est plus stable. Elle est en ménage depuis 30 ans avec le même homme, Christian Restoin, lui-même riche patron textile. Elle a eu deux enfants, Julia, qui l’accompagne très souvent et qui est le visage du parfum de Tom Ford, et Vladimir qu’elle a pu voir grandir grâce ses emplois du temps flexibles de styliste freelance. Son poste de rédactrice en chef est arrivé juste au bon moment, celui où ses enfants commençaient à voler de leurs propres ailes, elle a donc pu lui consacrer tout son temps.
Carine Roitfeld est devenue une véritable icône de mode, ses yeux au maquillage fumé, ses tenues pointues et son allure doucement rock and roll ont fait d’elle un modèle du genre. Ils sont à l’image de sa personnalité affranchis et intuitifs. Elle a déclaré récemment qu’elle ne quitterait Vogue Paris pour rien au monde, même si on lui proposait le poste d'Anna Wintour.
Sa liberté lui est trop chère, elle juge qu’en France Vogue peut se permettre des choses qui ne passeraient pas Outre-Atlantique. Après 6 ans à la tête du magazine, les challenges devaient lui manquer, car elle vient de prendre la direction avec Olivier Lalanne de Vogue Homme International. Celle qui dit avoir vécu au jour le jour toute sa vie, et n’avoir fait aucun plan de carrière, ne s’est finalement pas si mal débrouillée.
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