Née le 3 Novembre 1949 à Londres, elle suit ses études à la North London Collegiate School, où elle conteste l'uniforme en raccourcissant sa jupe et adopte la coupe au carré, sa marque de fabrique à 14 ans.
Dans le Londres branché des années 60, elle s'intéresse à la mode en suivant assidument l'émission de Cathy McGowan « Ready Steady Go »et conseille son père, rédacteur du Evening Standard, sur la manière d'inciter les jeunes Londoniens du milieu des années 60 à acheter son journal.
Elle a commencé à travailler à 15 ans dans une boutique branchée Biba, puis elle quitta ses études à 16 ans pour commencer une formation chez Harrods et prendre des cours de mode dans une école proche du magasin. Elle abandonna rapidement, prétextant que « la mode ne s'apprend pas ». À cette époque, elle fréquente des hommes plus âgés qu'elle et rencontre Richard Neville qui lui donna un premier aperçu de son futur métier avec le magazine Oz.
Elle fait ses premiers pas dans le journalisme de mode pour le magazine Harper's Bazaar à New York en 70 et devient par la suite Harper's & Queen. À cette époque, elle fait connaître le mannequin Annabel Hodin, une ancienne camarade de classe, et utilise ses relations pour la faire travailler avec des photographes reconnus comme Helmut Newton, puis se rend alors à New York avec sa nouvelle conquête, le journaliste freelance et playboy Jon Bradshaw.
En 75, ses photos innovantes occasionnent des conflits avec le rédacteur en chef Tony Mazzola, elle se fait licencier au bout de 9 mois. Elle fait alors la connaissance de Bob Marley, qui lui est présenté par un ami de Jon Bradshaw et s'enfuit avec lui pendant une semaine.
Quelques mois plus tard, Bradshaw l'aide à décrocher son premier poste de rédactrice en chef mode au magazine Viva, créé par Kathy Keeton. Elle y travaille 2 ans jusqu’à la fin de sa publication en 79. C’est la première fois qu'elle dispose d'une assistante personnelle, et c'est de là que lui vient sa réputation de patronne exigeante.
Anna Wintour reprend alors le travail en 80 en tant que rédactrice en chef mode pour un magazine féminin succédant à Elsa Klensch. Le magazine cherchait à plaire aux femmes actives, carriéristes et indépendantes qui pouvaient financer leurs achats sur leur propre salaire, lectrices que plus tard Wintour ciblera avec le magazine Vogue.
Elle accède au poste de rédactrice en chef de mode au magazine New York l’année suivante. Tout les articles et les photos de mode qu'elle a produits jusque là commencent à attirer l'attention. Elle devient la protégée de l'éditeur Edward Kosner, qui lui permet quelques entorses à des règles qu'elle estime trop strictes, elle travail alors sur d'autres rubriques du magazine et se rend compte à quel point la présence d'une célébrité en couverture comme Rachel Ward peut influer sur les ventes du magazine.
Son travail est un jour repéré par Alex Liberman, directeur d'édition du groupe Condé Nast qui possède Vogue. En 83, elle devient directrice de la création, poste spécialement créé pour elle et lui permettant de doubler son salaire. Puisque ses fonctions ne sont pas clairement définies, elle se permet souvent de faire évoluer l'orientation du magazine sans en référer à l'éditrice, Grace Mirabella, ce qui entraine des tensions avec les autres journalistes.
Elle fréquente à cette époque le célèbre pédo-psychiatre David Shaffer, ils se marient en septembre 84 et eurent deux enfants Charlie et Katherine connue sous le nom de Bee.
En 85, elle remplace Beatrix Miller au poste de rédactrice en chef de l'édition britannique de Vogue. Elle en prend la direction en avril 86, peu après la naissance de son fils Charlie. Son entreprise finance sa maison, sa gouvernante ainsi que de nombreux vols en Concorde. Anna Wintour contribue à l'évolution de l'édition britannique de Vogue, en l'orientant vers le concept de l'édition américaine et s'inspirant du magazine Savvy. Elle remanie son équipe et exerce davantage de contrôle sur le magazine, ce qui lui vaut le surnom de « Nuclear Wintour ». Liz Tilberis la remplace lorsqu'elle prend la direction du magazine House & Garden à New York. Ce dernier a été devancé par le magazine Architectural digest. Elle obtient carte blanche pour redresser sa situation et en profite donc pour faire des remaniements radicaux du personnel, puis sur le look du magazine. Elle y introduit tellement de photos de mode que certains renomment le magazine House & Garment (Maison & Vêtement au lieu de Maison & Jardin), ou encore Vanity Chair référence au magazine Vanity Fair en raison des nombreux sujets traitant des célébrités. Tous ces changements ne profitent pas au magazine.
Au bout de 10 mois, Le groupe Condé Nast transfère Anna Wintour au poste qu'elle attendait depuis longtemps : la direction de Vogue. A l’époque de Grace Mirabella, le magazine était plus centré sur le style de vie que sur la mode.
Chaque jour, elle se lève à 6h du matin, joue au tennis, se coiffe et se maquille, puis rejoint les bureaux de Vogue à 8h. Jamais en retard lors des défilés de mode, elle utilise ses temps d'attente pour passer des appels téléphoniques et prendre des notes, dont certaines de ses meilleures idées lui sont venues à des défilés.
Son contrôle sur le magazine est légendaire, en particulier la mise en page des photos qui reste son point fort. Les photographes commencent leur travail qu'après son approbation des épreuves du décor et des vêtements, puis ils doivent soumettre tous leurs travaux à la rédaction. Elle laissait souvent la tâche de rédiger le texte accompagnant la mise en page à d'autres. Aujourd'hui, elle écrit peu pour le magazine, si ce n'est l'éditorial mensuel. À Vogue, il semblerait qu'elle ait trois assistants à temps plein.
En tant que rédactrice en chef de la plus prestigieuse revue de mode, sa garde-robe publique est souvent surveillée et imitée. Alors que dans les premiers temps elle mélange T-shirts et vestes en jean de créateurs, dès lors qu'elle intègre Vogue comme directrice de la création, elle passe aux ensembles tailleurs et jupes Chanel. Elle a continué de les porter, même au cours de ses grossesses, les jupes légèrement fendues au dos et dissimulées par la veste.
Sa pratique du port de lunettes de soleil de l'intérieur a fait l'objet de nombreuses spéculations. Toutefois, selon le biographe Jerry Oppenheimer, elle cherche réellement à dissimuler des problèmes de vue (la vision de son père s'était gravement détériorée dans ses dernières années et elle craint de subir le même sort). Interrogé à ce sujet, un ancien collègue se rappelle avoir un jour trouvé ses Wayfarer dans son bureau alors qu'elle était sortie, de les avoir essayées et de s'être senti mal tant la force de correction des verres était élevée.Anna Wintour, sa fille Katherine et le grand journaliste de mode André Leon Talley |
Au fil du temps, Anna Wintour est devenue une icône de la mode. Sa coupe au carré et ses lunettes de soleil sont habituels au premier rang des plus grands défilés de mode. Aujourd'hui, elle est une institution dans le monde de la mode, tout comme son magazine. Mondialement réputée pour découvrir les nouvelles tendances et pour lancer de jeunes créateurs, sa froideur et son exigence lui ont valu le surnom de Nuclear Wintour (hiver nucléaire). En 2003, Lauren Weisberger, une de ses anciennes assistantes personnelles a d'ailleurs écrit un roman inspiré de son expérience, Le diable s'habille en Prada qui a été adapté au cinéma en 2006, avec Meryl Streep dans le rôle de Miranda Priestly, dont le personnage est inspiré d'Anna Wintour, et dans Ugly Betty, où une défunte femme nommée Fey Sommers lui ressemble extrêmement. Les défenseurs des animaux la prennent régulièrement pour cible, en raison de son goût pour la fourrure.
Ses citations : "Si vous regardez n'importe quelle grande photographie de mode sortie de son contexte, elle vous en dira autant sur ce qu'il se passe dans le monde qu'un titre dans le New York Times. "
« Je n’ai qu’une seule faiblesse, ce sont les gens que j’aime. »
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